Les Jeeps françaises

Delahaye VLR – Le rêve d’une Jeep 100% nationale

Delahaye Vlr

Après la Seconde Guerre mondiale, la tentation était grande pour la France de développer un véhicule tout-terrain national, inspiré par l’efficacité de la Jeep américaine. En 1947, un programme de conception de véhicule tactique fut lancé, et la prestigieuse marque Delahaye, alors en perte de vitesse, saisit cette opportunité.
Delahaye, cherchant un nouveau souffle économique, se lança dans la conception d’un véhicule léger de reconnaissance. En 1948, le prototype Delta, fortement inspiré de la Jeep Willys, fut présenté aux autorités. Ce prototype reprenait les caractéristiques essentielles de la Jeep, mais avec l’ambition d’y apporter des améliorations et une touche française.
Suite aux essais, le prototype Delta fut approuvé pour la production en série et rebaptisé VLR (Véhicule Léger de Reconnaissance). Près de 10 000 exemplaires furent produits. Cependant, le VLR rencontra plusieurs problèmes techniques qui compromirent son succès :

  • Moteur en aluminium : Le moteur en aluminium, bien que léger, s’avéra difficile à entretenir et sujet à des problèmes de fiabilité.
  • Tenue de route médiocre : La tenue de route du VLR était jugée insuffisante, notamment en comparaison avec la Jeep.
  • Problèmes de blocage de différentiel : Des problèmes récurrents de blocage de différentiel affectèrent les performances du véhicule en tout-terrain.

Ces défauts techniques entraînèrent un échec pour le VLR, malgré les efforts de Delahaye.
Cet échec ouvrit la voie à Hotchkiss, qui devint le principal fournisseur de Jeep pour l’armée française pendant de nombreuses années, produisant la Jeep Hotchkiss M201. Cette production sous licence assura la continuité de l’utilisation de la Jeep au sein des forces armées françaises.

Jeep Hotchkiss M201 – Une renaissance française de la légende américaine

Après la Seconde Guerre mondiale, la France se retrouva avec un parc important d’environ 22 000 Jeep Willys et Ford, dont seulement la moitié était opérationnelle. La question de l’entretien et du remplacement de ces véhicules se posa rapidement. C’est dans ce contexte que Hotchkiss fut chargé de jouer un rôle crucial dans l’histoire de la Jeep en France.

La reconstruction des Jeep par l’ERGM de la Maltournée :

Dès l’après-guerre, les Établissements de Réserve Générale du Matériel Automobile (ERGM/AU de la Maltournée) entreprirent la reconstruction d’environ 11 000 Jeep. Cependant, faute de pièces standardisées et par souci d’efficacité immédiate, ces reconstructions aboutirent à des véhicules hybrides, combinant des pièces de Willys, de Ford et parfois même d’autres origines. Ces « bitzas », bien que fonctionnels, posent aujourd’hui des difficultés d’identification et de restauration pour les collectionneurs.

La production sous licence par Hotchkiss :

En 1952, Hotchkiss fut chargé de fabriquer des pièces de rechange pour les Jeep. Cette étape marqua le début d’une implication plus importante dans la production de Jeep en France. En 1955, Hotchkiss commença la production sous licence de Jeep Willys, répondant ainsi à la demande des militaires français, attachés à ce véhicule éprouvé et peu convaincus par les productions nationales comme le Delahaye VLR.

De la Hotchkiss MB à la M201 :

Dans un premier temps, quelques centaines d’Hotchkiss MB furent produites. Fin 1956, le modèle fut remanié et rebaptisé M201, marquant une évolution significative. La production de la Hotchkiss M201 se poursuivit jusqu’en 1966, atteignant environ 27 628 exemplaires, destinés en quasi-totalité à l’armée française, mis à part 24 exemplaires pour l’administration.

Caractéristiques de la Hotchkiss M201 :

La Hotchkiss M201 était motorisée par un 4 cylindres en ligne « Go Devil » de 2 199 cm³ développant environ 60 ch à 3 600 tr/min et un couple de 14,5 mkg à 1 800 tr/min (voir [2]). Elle conservait les caractéristiques essentielles de la Jeep Willys MB, telles que la transmission 4×4, la boîte de vitesses à 3 rapports plus réducteur, et les essieux rigides avec ressorts à lames semi-elliptiques .

La production à Stains et les transformations ultérieures :

À partir de 1957, suite à la fusion avec Brandt, la production des M201 fut transférée à l’usine Brandt de Stains. Une partie des M201 initialement en 6 volts fut transformée en 12 volts, et surtout en 24 volts, par les services de l’ERGM de la Maltournée.

Production civile :

En plus de la production militaire, Hotchkiss produisit également des véhicules civils dérivés de la Jeep, sous les appellations JH 101, JH 102 et HWL, à environ 5 554 exemplaires.